TÉMOIGNAGE
Familles en situation de confinement (6)

Comment les familles avec enfant ou adulte en situation de handicap vivent-elles le confinement ? N’hésitez pas à envoyer témoignages, tranches de vie, à vie-associative@handireseaux38.fr.

Autre témoignage d’une famille auprès d’HandiRéseaux38 :

« Je voudrais faire part d’une expérience difficile de ce confinement et de mon désarroi devant le manque de considération par les autorités des troubles autistiques.

J’ai choisi de garder chez moi, où je vis seule, mon fils, jeune homme de 30 ans, atteint de troubles autistiques, perpétuellement inquiet. Il est ordinairement hébergé en foyer et travaille en ESAT. Je voulais lui éviter toutes les angoisses émanant des autres travailleurs et résidents, en cette période extrêmement anxiogène, puisque mon fils est aussi une véritable «  éponge ». Il est donc passé à travers cette inquiétude-là, et  je pensais que son foyer le reprendrait au bout de trois semaines de confinement strict chez moi, sans avoir été contaminé. Or, ce qui a été proposé, pour me soulager, parce que le quotidien est vraiment rude pour moi, c’est un hébergement dit d’urgence dans un foyer qu’il ne connait pas. J’ai refusé, abasourdie que l’association qui gère son foyer méconnaisse à ce point  les troubles des autistes et leur fragilité devant tout changement et situation « extraordinaire ».

C’est comme si les personnes handicapées étaient des paquets qu’on peut déposer là où il y a de la place, quand une autorité l’a décidé, sans se préoccuper des conséquences de la décision. Je réclame à cor et à cri, certificat médical à l’appui de son médecin psychiatre prescripteur, son retour dans son foyer, où il a ses habitudes, où il connaît les éducateurs et les résidents, parce que je suis au bout de mes forces physiques, morales et mentales après un mois de confinement avec mon fils qui me sollicite en continu, me pose à longueur de journées ses questions habituelles et me contraint à un grosse charge de  travail domestique… Je trouve tout aussi insensée l’assistance ponctuelle de deux heures par semaine d’un éducateur venant à domicile : si on est en confinement, sans masque ni protection, ce n’est pas pour faire entrer chez soi des personnes potentiellement contaminées… surtout quand on est, comme moi, en déficit immunitaire.

J’ai envoyé un courriel à la directrice du foyer de mon fils et à 6 administrateurs de l’association qui le gère. Personne n’a daigné me répondre.

Courage à tous les parents qui, croyant faire pour le mieux, se retrouvent aujourd’hui dans une situation dramatique. Ne pas tenir compte de leur vécu, des difficultés et particularités, c’est de la non-assistance à personnes en danger. »